
C’est l’histoire d’un coach amateur qui cherchait des solutions, des aides. Et c’est bien parce qu’il évoluait dans un contexte de club difficile, livré à lui-même, au milieu d’une multitude de problématiques de toutes sortes à gérer, qu’il est parvenu à imaginer, puis créer et développer Coach-adjoint, ce logiciel implacable qui permet aujourd’hui à plusieurs milliers d’entraîneurs sur toute la planète de mieux vivre leur passion. Douze ans après avoir entré ses premières infos sur Excel (!), Philippe Ollier est au milieu du gué. Légitimement conscient et fier du travail effectué, autant que du chemin qu’il reste à parcourir pour faire de Coach-adjoint, son bébé, bien plus qu’un simple logiciel d’entraînement, une force de proposition.
Lorsqu’il a ouvert pour la première fois son fichier Excel pour y entrer des données propres à son équipe, à ses joueurs, au début de la saison 2006-2007, alors qu’il venait de prendre les rênes du club d’Arcachon en CFA2, Philippe Ollier ouvrait la boite de Pandore. Il ne le savait pas encore mais il venait de mettre le doigt dans un engrenage diabolique dans lequel il est encore impliqué jusqu’au cou douze ans après et qui a fini par offrir un outil de travail unique et sans précédent à plus de 32 000 entraîneurs. « A l’origine, mon objectif était de gagner du temps, nous dit-il aujourd’hui, mais aussi de me donner des arguments pour mieux gérer mon effectif, mieux convaincre les joueurs de mes choix, mieux connaitre les adversaires. » Paradoxalement, c’est dans la situation on ne peut plus précaire du club d’Arcachon, le club de son premier défi d’entraîneur, qu’il a actionné les leviers qui lui ont permis de créer puis de développer Coach-adjoint. « Au boulot, je faisais mes 39h par semaine, j’avais une vie de famille à assumer, et un rythme de dingue dans un club au bord du précipice. Bref, le cadre idéal pour commencer à confectionner et peaufiner le logiciel de ses rêves ! C’était ça ou l’échec assuré. « Je notais tout, les temps de jeu de mes joueurs, les buts, les passes, les buts inscrits ou encaissés par minutes, de mon équipe, des adversaires. Je comparais tout. Je mettais aussi les salaires, les primes, les présences, les retards etc. Si j’avais été dans un club structuré avec des adjoints, jamais je n’aurais eu la nécessité d’effectuer ce travail de mise en place qui a été à l’origine de Coach-adjoint. » Sept ans après, en 2014, le 7 août exactement, il décidait de lancer une page Facebook et ouvrait donc la possibilité à ses collègues coachs de profiter, gratuitement, du fruit de son travail et de sa réflexion.
Coach-adjoint : la preuve par les chiffres
Depuis, le succès ne s’est jamais démenti, le logiciel n’a jamais cessé de se perfectionner au rythme quotidien de son nouvel engagement à Villenave, autre contexte propice à la poursuite de l’aventure. Avant, en se reposant largement sur les potentialités de son « bébé », Ollier avait sauvé son club de la descente. « Arrivé à Villenave, le logiciel n’était plus adapté aux exigences du niveau. Donc avec un développeur qui travaillait après son job jusqu’au milieu de la nuit, je suis devenu le bétatesteur de mon propre outil… » pour le rendre encore plus pertinent, opérationnel et vraiment en phase avec la réalité du football amateur. En janvier, lorsqu’il reprend une équipe décimée et mal en point au classement, c’est encore en s’appuyant sur les fonctionnalités de Coach-adjoint, qu’il parvient d’abord à convaincre les joueurs que le défi du maintien est possible, ensuite à enchaîner une série d’invincibilité salvatrice qui permettra de se maintenir, puis de monter deux fois de suite jusqu’en CFA2 puis CFA, avec la même équipe, quasiment les mêmes joueurs… non rémunérés, le tout en continuant à adapter le logiciel au niveau de pratique. Et de nous citer deux exemples concrets où Coach-adjoint s’est avéré bien plus qu’un simple logiciel. « Un jour, un joueur est venu me demander des comptes parce qu’il trouvait son temps de jeu trop faible. On a regardé les chiffres, ils étaient à peu près identiques aux autres. Il m’a alors dit : « Oui, mais moi je ne débute que rarement les matchs ». On a encore regardé les chiffres et pu constater que ceux qui débutaient étaient aussi ceux qui avaient les meilleures statistiques dans la réussite face aux buts, les passes décisives, les frappes etc. Il a alors pris conscience d’une réalité qui ne lui avait pas sauté aux yeux et a changé son approche du foot en travaillant davantage ses frappes, ses coups de pieds arrêtés etc. Et un an après, il était devenu titulaire. » Sans dire un mot plus haut que l’autre, « l’adjoint » avait atteint sa cible mieux que n’importe quel discours pas toujours compris par les joueurs.
Coach-adjoint : intinéraire d’un entraîneur pas gâté !
Dans la gestion des matchs, son apport allait aussi être décisif à de nombreuses reprises, notamment dans un match face à la réserve de Nîmes que n’a pas oublié Philippe Ollier.« J’avais comparé les stats des deux équipes, les moments où Nîmes prenait ses buts à domicile, et où, nous, on marquait à l’extérieur. Et je m’étais aperçu que cette équipe prenait moins de buts quand elle évoluait en bloc, et que quand elle se livrait, elle en prenait plus, sans forcément marquer davantage. J’ai donc attendu la dernière demi-heure pour faire sortir deux milieux défensif à la place de deux milieux offensifs, et nous avons gagné. A la fin du match, je suis allé voir le coach et je lui ai dit : sais-tu pourquoi nous avons gagné ? Et je lui ai montré la feuille de stats comparatives… «
Fait pour, et par les coachs eux-mêmes, sa légitimité saute déjà aux yeux.
A partir de là, convaincu que son logiciel avait toute sa place dans la panoplie de l’entraîneur moderne, il ouvrait gratuitement son accès le 7 août 2014. En trois semaines, 400 coachs s’inscrivaient pour atteindre 32 000 à la fin de la saison 2018-2019 à un rythme de 20 à 120 inscriptions par jour. Le tout sans aucune pub ou campagne de communication. Seulement du bouche à oreilles… Le succès de Coach-adjoint est colossal qui ne se dément pas depuis mais qui place son géniteur face à une vraie problématique. Pour continuer à le faire progresser, à le faire évoluer au plus près possible des préoccupations de ses utilisateurs, pour qu’il conserve son avance sur les autres produits du marché, et parce qu’il tient par dessus tout à en maintenir la gratuité, quelle stratégie adopter ? Après avoir refusé de lâcher son indépendance à des investisseurs étrangers, et étudié la perspective d’une levée de fonds qui permettrait d’aller à la conquête des marchés japonais, chinois et américains, une troisième voie semble possible, peut-être préférable, celle d’une ouverture du capital aux… utilisateurs eux- mêmes. « Les coachs ayant été jusqu’à présent nos meilleurs commerciaux, analyse le technicien girondin, on leur proposerait ainsi de devenir des acteurs du développement de leur logiciel. » Et de créer de la sorte une vraie communauté d’entraîneurs indépendante qui aurait l’immense privilège de pouvoir agir directement sur la conception d’un outil qui fait déjà l’unanimité mais qui se retrouve, douze ans après sa naissance, au milieu du gué. S’il parvenait à fédérer entraîneurs amateurs et professionnels autour de lui, Coach-adjoint relèverait un autre défi, celui de l’authenticité. Fait pour, et par les coachs eux-mêmes, sa légitimité saute déjà aux yeux. Il ne manque qu’une marche pour en faire une vraie force de proposition et ne pas laisser à des profils plus financiers, moins terrain, le soin d’accompagner la passion authentique et souvent bénévole de milliers d’éducateurs ou d’entraîneurs déjà convaincus par l’utilité de ce logiciel pas comme les autres.
Tom Boissy – Copyright Coach-Adjoint
Et si les utilisateurs devenaient des acteurs du développement de leur logiciel !